Ce jardin là
Il était une fois un grand jardin, le grand
jardin de ma vie. Il avait jailli, un jour d’hiver, au détour d’une rencontre.
Le papa jardin et la maman jardin avaient fait ce qu’ils
croyaient le mieux à faire pour ce petit jardin inattendu. Ils lui donnèrent de
l’engrais, lui apportèrent leur présence, lui proposèrent leurs attentes et
leurs demandes. Ils surveillaient jalousement les pousses. Si d’aventure quelque
herbe folle poussait là, elle était aussitôt arrachée.
Il fallait que tout pousse droit. Sinon, que diraient «
les autres » ?
Peu de mots étaient échangés. Pour ces parents là, il
n’était pas nécessaire de parler, d’exprimer. Ils avaient la croyance que tout
se vit en silence, à l’intérieur, à l’abri de « l’extérieur ».
Et le petit jardin avait grandi, comme cela, sans poser
de questions, en jardin obéissant, sans repères, sans mots pour se dire, sans
être entendu.
Plus tard, devenu grand, le jardin rencontra un
jardinier extraordinaire qui avait dans son sac de fabuleux outils. Ces outils
s’appelaient :
- oser se dire,
- oser dire non,
- oser recevoir,
- oser
demander,
- se relier à soi,
- se relier aux autres,
- se relier à
son histoire,
- utiliser les symbolisations,
- ne pas vouloir agir sur
l’autre,
- agir à son bout de la relation,
- et d’autres
encore...
Enfin le jardin sentit la vie venir en lui, belle,
possible.
Dans sa terre, il retrouva ses demandes jamais dites,
ses désirs jamais dits, ses besoins. Il entendit, derrière les souffrances, les
blessures encore ouvertes. C’était tout cela qui faisait mal, qui empêchait les
racines d’aller plus loin, vers l’eau, vers la vie.
Les choses changèrent quand le jardin s’autorisa enfin à
être « l’auteur » de sa vie... Des fontaines jaillirent et arrosèrent la terre.
Cette terre pouvait enfin laisser venir en elle un autre regard, d’autres
possibles...
Avec, au plus profond du cœur de ce jardin, une infinie
tendresse, claire comme l’eau de la fontaine au printemps, lumineuse comme le
soleil d’été, chaude comme l’amour offert une nuit d’hiver, légère comme un vent
d’automne quand le soir tombe, une douce tendresse pour le jardinier de la vie.
Anonyme